N. 2 - L'économie de la Vallée d'AosteRapport annuel

La situation avant la crise Covid-19

La pandémie Covid-19, apparue dans les premiers mois de l'année en cours, a frappé l'économie valdôtaine dans une phase de ralentissement. Selon les estimations de Prometeia, la croissance du PIB en 2019 serait pratiquement nulle. Cet affaiblissement fait suite à une période de deux ans caractérisée par une reprise significative (tab. a1.1 ; cf. également encadré : La performance économique de la Vallée d'Aoste par rapport au reste de l'Europe au chapitre 2).

La tendance de 2019 a été essentiellement influencée par l'industrie qui a été affectée par la baisse significative des exportations. Dans le secteur tertiaire, l'activité a continué de croître, soutenue par le secteur du tourisme, où les nuitées ont encore augmenté, bien que dans une mesure limitée et uniquement en ce qui concerne la composante nationale. Dans le secteur du bâtiment, la production est restée à des niveaux historiquement bas. La rentabilité et la liquidité des entreprises dans son ensemble sont restées élevées. Sur le marché du travail, la reprise modérée de l'emploi en cours depuis 2017 s'est poursuivie. L'évolution des financements octroyés au secteur privé non financier s'est ultérieurement détériorée, reflétant la tendance des financements aux entreprises. Par contre, l'expansion des prêts aux ménages est restée solide. Le risque du crédit a continué à diminuer, tant pour les entreprises que pour les ménages.

La propagation de l'épidémie de Covid-19

Depuis le début de l'année 2020, le monde est confronté à la pire pandémie du siècle. L'Italie a été le premier pays européen où l'on a constaté une large propagation du virus depuis le 20 février dernier. À partir de l'épicentre en Lombardie, la contagion s'est d'abord étendue à certaines provinces des régions limitrophes du Nord, puis elle a gagné progressivement tous les territoires, également dans le sillage des interconnexions de production et commerciales.

En Vallée d'Aoste, les premiers cas ont été enregistrés début du mois de mars. Le nombre de personnes positives a progressivement augmenté jusqu'au début du mois d'avril. Au 31 mai, 1 184 personnes étaient infectées, avec une incidence de 9,4 cas tous les 1 000 habitants, une valeur nettement supérieure à la moyenne italienne (s'élevant à 3,9 ; fig.1.1.a). 143 décès officiels ont été attribués au Covid-19 à la fin du mois de mai, avec un taux de mortalité déclaré beaucoup plus élevé que la moyenne nationale (fig. 1.1.b).

Comme ce fut le cas dans les pays les plus touchés par la pandémie, le gouvernement italien a adopté des mesures strictes de distanciation physique et de limitation de la mobilité de la population afin de contenir la contagion. Ces mesures ont permis de ralentir la propagation de l'infection et de réduire considérablement le nombre de décès. Les interventions, qui couvraient initialement les zones où les premiers foyers épidémiques sont apparus, ont été étendues au niveau national avec des restrictions de mobilité à partir du 9 mars et la fermeture de toutes les activités réputées non essentielles à partir du 25 mars (mesures appelées « lockdown » ou de confinement) ; la production a graduellement repris à compter du 4 mai.

Les entreprises

Le secteur tertiaire, qui représente plus de 80 % du PIB régional, a été touché dès les premiers stades de l'urgence sanitaire, notamment dans les secteurs du tourisme, de la restauration et du commerce de détail. Avec les mesures restrictives du 11 mars, qui prévoyaient la suspension des activités commerciales à l'exception de la vente des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, la situation s'est ultérieurement aggravée. Le secteur le plus touché actuellement est le tourisme, qui a connu ces dernières années un essor important soutenu essentiellement par la composante étrangère. Selon les enquêtes réalisées début avril par l'Obervatoire touristique de la Vallée d'Aoste, l'épidémie a provoqué la paralysie quasi totale de l'activité au mois de mars. Les professionnels du tourisme se disent également préoccupés par la tendance de la saison estivale. En moyenne, entre 2017 et 2019, plus d'un tiers des nuitées enregistrées pendant toute l'année étaient concentrées en juillet et août.

Dans l'industrie, la suspension des activités de fin mars à début mai a touché des créneaux dont le poids sur la valeur ajoutée du secteur dans la région s'élève à environ 36%, une valeur bien inférieure à la moyenne nationale. Selon l'enquête extraordinaire menée par Banca d'Italia, les trois quarts des entreprises prévoient une réduction de leur chiffre d'affaires au premier semestre 2020 par rapport à la même période de l'année précédente.

Du point de vue financier, l'effet récessif induit par l'épidémie a mis les entreprises sous pression dès le début du mois de mars. Même en tenant compte du moratoire sur les prêts en cours, les entreprises présentant un risque d'illiquidité dans les secteurs concernés par la fermeture représentent environ 30 % du total, valeur supérieure à la moyenne italienne, avec une incidence plus importante dans le bâtiment et les services.

Les mesures prises par le Gouvernement pour encourager le renforcement des garanties publiques sur les prêts peuvent contribuer de manière efficace à contenir les problèmes de liquidité des entreprises à court terme. En outre, le système de production régional fait face à la crise actuelle dans de meilleures conditions économiques et financières qu'au début de la dernière décennie.

Au premier trimestre 2020, la baisse des prêts aux entreprises s'est accentuée, reflétant essentiellement la tendance du secteur manufacturier. Cette baisse s'est également poursuivie dans les autres secteurs. Selon des données encore provisoires, la diminution des prêts bancaires a continué en avril.

Le marché du travail et les ménages

La tendance de l'emploi, qui s'était déjà affaiblie au second semestre 2019, s'est aggravée au premier trimestre de l'année en cours, avec la survenue de l'urgence sanitaire (-0,3 % par rapport à la même période en 2018). La suspension de nombreuses activités économiques introduite en mars a concerné plus d'un tiers des salariés, une valeur conforme à la moyenne nationale. Le recours à la Cassa integrazione guadagni (chômage technique), l'utilisation des congés et des permis et la suspension temporaire des licenciements collectifs et individuels pour des raisons justifiées ont permis d'atténuer l'impact de la crise sur le nombre de salariés. Toutefois, il est probable que la tendance de l'emploi soit affectée dans les mois à venir par l'urgence sanitaire actuelle ; les travailleurs les plus exposés sont en particulier ceux qui ont des contrats à durée déterminée, surtout les saisonniers, les indépendants et en général ceux qui travaillent dans le commerce, le tourisme et les loisirs, dont l'incidence est plus élevée en Vallée d'Aoste que la moyenne nationale. Entre le 23 février et le 23 avril 2020, les offres d'emploi dans le secteur privé ont chuté de plus de 55 % par rapport à la même période en 2019, soit plus intensément que la moyenne nationale.

Les conditions financières des ménages valdôtains à la veille de la crise liée à l'épidémie étaient généralement solides. Leur niveau d'endettement était nettement inférieur à la moyenne nationale et à celle du Nord-Ouest. La part des prêts aux ménages qui avaient du mal à rembourser leurs financements a atteint des niveaux historiquement bas. Les mesures prises par le Gouvernement ces derniers mois contribuent à soutenir la capacité à respecter ses engagements financiers. La richesse totale par habitant des ménages valdôtains était nettement plus élevée que la moyenne nationale. L'incidence des actifs financiers les plus liquides et les moins exposés aux tensions du marché a légèrement augmenté par rapport à 2011, tandis que la part des actions, des fonds communs de placement, des obligations et des titres d'État, davantage soumis aux fluctuations des cours et des rendements du marché, a légèrement diminué.

Au premier trimestre 2020, les nouveaux octrois de crédits à la consommation et les prêts hypothécaires ont diminué, reflétant la forte baisse de la dépense en biens durables, en particulier les véhicules automobiles, et la baisse significative des achats–ventes de logements.

Le marché du crédit

Au premier trimestre 2020, la crise du crédit s'est intensifiée, reflétant l'accentuation de la baisse des prêts aux entreprises et l'affaiblissement de ceux aux ménages. En avril, sur la base de données encore provisoires, la baisse s'est Économies régionales poursuivie à un rythme similaire à celui du mois précédent. Les risques de prêt se maintiennent à des niveaux historiquement très bas, inférieurs à ceux d'avant la crise de 2008-2009. L'amélioration de la qualité du crédit ces dernières années a reflété une recomposition des crédits en faveur d'entreprises financièrement plus solides.
La diminution de l'incidence des prêts improductifs est associée à des niveaux élevés de leur taux de couverture dans les bilans des banques, ce qui permet aux établissements de crédit d'affronter la crise actuelle dans des conditions nettement plus favorables que par le passé.

Les finances publiques décentralisées

À la veille du déclenchement de l'épidémie, le système sanitaire valdôtain disposait d'une fourniture de personnel et de lits plus élevée que les autres régions à statut spécial (RSS) et que les autres régions du Nord les plus touchées par le virus. Mais par rapport à ces dernières, la Vallée d'Aoste a montré un écart négatif pour les lits en soins intensifs. En ce qui concerne le réseau territorial,
sur le renforcement duquel les régions sont appelées à investir dans un avenir proche, la région disposait d'un nombre de médecins conventionnés aligné sur celui des RSS et supérieur à la moyenne du Nord, malgré quelques lacunes par rapport aux deux secteurs en matière de soins à domicile, notamment pour les personnes âgées. Du personnel, essentiellement médical, a été recruté afin de faire face à l'urgence et de nouveaux lits ont été créés aux soins intensifs, sans lesquels il aurait été impossible de répondre à la demande aux moments les plus forts de l'épidémie.

L'urgence sanitaire aura un impact négatif sur les budgets des collectivités territoriales, en matière de dépenses et de recettes. Toutes les institutions de la Vallée d'Aoste présentaient une situation d'excédent budgétaire au début de 2019. En ce qui concerne plus particulièrement les municipalités, nos estimations suggèrent que la perte de recettes fiscales et autres due aux effets de l'épidémie et aux mesures prises pour atténuer ses conséquences économiques s'élevait à environ 3 % des recettes annuelles courantes jusqu'en mai, une valeur inférieure à la moyenne nationale.

Afin d'atténuer les effets économiques de l'épidémie sur les ménages et les entreprises, la Région a mis en place une série de mesures de soutien qui complètent celles décidées au niveau national.

Testo della pubblicazione